L'Histoire
À L'ÉPOQUE ROMAINE
Le 1er siècle de notre ère voit naître le vignoble bordelais. Les vignerons de la région remplacent, dès le siècle suivant, les amphores romaines par des tonneaux en bois, favorisant le vieillissement des vins de cru. Ces vins, issus principalement des vignobles plantés sur les coteaux, étaient déjà fort appréciés tant localement qu'à l'étranger.
Au 6ème siècle
À Saint-Émilion, les vestiges d'une fastueuse villa au pied du coteau du vignoble actuel suggèrent la présence de vignes sur le territoire de Bélair-Monange dès cette époque. La culture de la vigne et d'autres plantes vivrières coexistaient très probablement sur les coteaux et le plateau de Bélair-Monange.
AU MOYEN-ÂGE
Un faubourg nommé Villeneuve (Villa Nova) se constitue et s'organise autour d'une église, d'une chapelle et d'un cimetière, à l'emplacement de la propriété actuelle. Sur ce hameau, la vigne, qui côtoie encore d'autres cultures, connaît un essor majeur, qui forge la renommée des vins de Saint-Émilion.
Au 16ème siècle
En 1596, Jean Despagnet, Président au Parlement de Bordeaux, est propriétaire de vignes situées à l'emplacement du vignoble actuel.
La famille
De Canolle de Lescours
Bélair-Monange demeura la propriété d'une seule et même famille, les Canolle de Lescours, de 1688 à 1916.
La maison noble de Canolle, implantée à Saint-Émilion depuis le XVIe siècle, descend de Robert Knowle (1312-1407), lieutenant du roi d’Angleterre et sénéchal de Guyenne. En 1572, Pierre de Canolle, qui vient d’obtenir l’office de trésorier de France et receveur général des finances de Sa Majesté en Guyenne, est le premier de la dynastie à s’installer dans le Bordelais. Lié à Saint-Émilion par sa seigneurie d’Andron et allié par mariage à la puissante famille des Calvimont, il acquiert la seigneurie de Fombrauge, ancrant ainsi ses positions saint-émilionnaises.
Dès lors, les Canolle font croître et prospérer leurs terres à Saint-Émilion, enrichissant tant leurs domaines que leur prestige. En 1608, le mariage de Jean de Canolle avec Marie de Lescours intègre aux domaines familiaux la maison noble de Lescours et au renom des Canolle celui d’une des plus anciennes familles de la noblesse de Saint-Émilion.
1688
En 1688, Sarran de Canolle de Lescours acquiert la seigneurie de Lalande, possession de Jean Despagnet, petit-fils du précédent, dont faisait partie le bourdieu de «Bélair» déjà réputé pour la qualité des vins qui y étaient produits.
Au cours du 17ème siècle, la possession de la terre et sa valorisation par la production de crus qui leur sont propres allaient devenir les enjeux d’investissements considérables pour la noblesse locale. Dans ce sens, les Canolle de Lescours ont cherché à acquérir de nouvelles terres à Saint-Émilion qui leur permettront de produire leur grand vin.
1691 - 1752
Le vignoble de Bélair se développe et la polyculture disparait progressivement du plateau. En 1752, le plateau entier est dédié à la viticulture. Les pratiques se rationalisent, le raisin est vinifié avec soin sur place, puis le vin est commercialisé dans des contrées de plus en plus lointaines.
1752
Le domaine de Bélair atteint « 42 journaux » (à peu près 13 hectares), surface qu'il maintiendra jusqu'au début du XXIème siècle. C'est au cours des années 1750 qu'est bâti le château tel que nous le connaissons aujourd'hui.
1788
Les vins de Château Bélair sont vieillis à la propriété, pratique rare à une époque où les vins sont généralement confiés au négoce libournais. Le millésime 1785 de Bélair, vendu après trois ans de vieillissement, atteint 800 livres le tonneau. À titre indicatif, les vins ordinaires de Saint-Émilion se négocient à l'époque entre 150 et 180 livres le tonneau.
1792
Bélair, ses terres et son château sont saisis pendant la Révolution française. Par chance et grâce au courage et aux efforts de Madame de Canolle, la propriété n'est pas divisée et sera maintenue intacte jusqu'en 1802, date de sa rétrocession aux Canolle.
1802
Les Canolle, revenus d'exil, s'attachent à redresser le domaine, reprenant l'élan viticole qui avait été interrompu pendant la Révolution. En 1802, Château Bélair met en bouteille sa production à la propriété pour la première fois, pratique extrêmement rare à l'époque
1838
Le journal girondin Le Producteur classe Château Bélair «Première Classe Haut Saint-Émilion». Bélair produit à cette époque en moyenne 15 à 20 tonneaux de vin par an.
1841
Toujours dans Le Producteur, Lecoûtre de Beauvais précise : «Quels sont les Grands Vins ? Premier des Premiers, le Chevalier de Canolle à Bélair».
1846
Léontine de Canolle, héritière du domaine, épouse Jean-Charles Louis Théophile de Seissan de Marignan. Rapidement, le cru devient « Bélair de Marignan ».
À partir de 1849
Château Bélair obtient de nombreuses récompenses
et une reconnaissance internationale :
1849
La médaille d’or au concours régional de Bordeaux.
1882
La médaille d’or à l’Exposition de Bordeaux.
1889
La médaille d’or à l’Exposition Universelle de Paris
(pour les millésimes présentés : 1873, 1880, 1887).
1900
Château Bélair remporte le grand prix à l’Exposition Universelle de Paris.
1850
1ère édition du guide Cocks & Féret, Bordeaux et ses Vins : Charles Cocks classe Bélair en tête des Premiers Crus de Saint-Émilion. Ce classement sera repris dans les éditions suivantes jusqu’en 1898.
1867
Dans Les grands crus bordelais, Alfred Danflou témoigne au sujet de Château Bélair : « Les crûs classés du Médoc seront heureux et fiers de trouver enfin à côté d’eux Château-Bélair, leur aîné en gloire et leur digne rival par la qualité de ses produits ».
« De l’aveu unanime des oenologues les plus distingués, les vins de Canolle marchent de pair avec les produits les plus distingués du Médoc ; voilà pourquoi nous lui donnons une place spéciale – place d’honneur, mais très méritée – parmi les crûs classés par la Commission spéciale. Château-Belair est le Château-Lafitte de la côte de Saint-Emilion. Personne ne conteste sa supériorité, et, ainsi que nous le disons plus haut, il doit figurer parmi les grands dignitaires de la vigne girondine ».
1916
Édouard Dubois et Marie Challon, son épouse, acquièrent Château Bélair.
1931
Jean et Adèle Moueix, née Monange, quittent leur Corrèze natale pour s'installer à Saint-Émilion, au Château Fonroque.
1937
Jean-Pierre Moueix, fils cadet de Jean et Adèle Moueix, fonde son entreprise de négoce : les Établissements Jean-Pierre Moueix, sur le Quai du Priourat à Libourne.
1955
Château Bélair est Premier Grand Cru Classé lors du premier classement officiel des vins de Saint-Émilion.
1960
Jean-Pierre Moueix, propriétaire depuis 1952 de Château Magdelaine, Premier Grand Cru Classé contigu, devient le distributeur exclusif de Château Bélair.
1974
Décès de Jean Dubois-Challon, propriétaire de Château Bélair. Sa veuve Helyette hérite de la propriété.
2003
Décès de Madame Helyette Dubois-Challon et décès de Monsieur Jean-Pierre Moueix. Monsieur Pascal Delbeck (régisseur depuis 1976) hérite du vignoble de Bélair.
2008
Christian et Edouard Moueix, fils et petit-fils de Jean-Pierre Moueix, acquièrent Château Bélair et renomment le cru « Bélair-Monange » en mémoire d'Adèle Moueix (née Monange), renouant avec une tradition historique du Château.
2012
Lors du classement décennal des vins de Saint-Émilion, Bélair-Monange et Magdelaine sont confirmés Premiers Grands Crus Classés. L'INAO officialise leur fusion en une unique propriété de 23.5 hectares.